Vive la vie
>>> Le Klub des loosers
         Cette chronique se veut concise, claire et franche. Pour se faire, c'est par la conclusion qu'elle débutera : "Vive la Vie" est un excellent album, d'après moi assurément l'un des meilleurs de l'année. Aussi, pour ceux qui connaissent déjà le Klub des Loosers et qui ont apprécié les quelques maxis sortis ces deux dernières années : achetez ce disque les yeux fermés. Pour ceux qui ne connaîtrait pas : achetez ce disque les yeux fermés.
Terminons à présent cette chronique par le développement. En général, le Klub des Loosers a le chic d'être adoré... ou carrément détesté. En effet, que ça soit par son flow, ses textes ou même ses productions, Fuzati a su créer un style bien à lui. En ce sens, (c'est un avis personnel) Fuzati ne fait pas du rap : il fait de la musique qui se rapproche plus du rap que d'autre chose. C'est aussi pour cette raison que l'on n'accroche pas forcément dès la première écoute, mais une fois passé outre, il devient difficile de décrocher. Et cet album ne fait pas exception : Fuzati n'a pas vraiment fait dans l'originalité mais vu la qualité habituelle de ses morceaux, est-ce vraiment reprochable ? Non.
De toutes façons, au Klub des Loosers, ce ne sont pas vraiment les thèmes abordés qui font les morceaux mais bel et bien la façon dont ils sont abordés. Et de ce côté-ci Fuzati n'a rien perdu de son talent. Qu'il parle de l'amour (beaucoup), de la solitude (souvent), du hip-hop (parfois) ou des déceptions de la vie en général (à peu près tout le temps), ses textes sont tellement travaillés qu'on se surprendra plus d'une fois à sourire, voire même à rire franchement sur une comparaison douteuse ou un jeu de mots bien trouvé.
Quelques exemples pour le plaisir : " Je passe du coq à l'âne comme dans une partouze à la ferme ", " Tu peux pleurer, sache que je m'en tape de voir que ton visage est trempé. En fait si, content de savoir que je parviens encore à te faire mouiller. Je me rappelle de tes demandes en mariage, je doute que cela se fasse, à moins qu'au temple le pasteur me demande : Refusez-vous d'épouser cette pétasse ? ", " Je suis inquiet, toutes les rues d'ici semblent avoir une maladie, je ne suis pas docteur ès ville mais je crois bien que c'est l'ennui. ". Il va falloir que je m'arrête pour des questions de place mais si ça ne tenait qu'à moi cette chronique ne serait composée que de citations. Car elles reflètent bien le langage carrément cru, et en même temps franchement poétique par sa syntaxe, du Klub des Loosers. Mais les textes ne font pas tout, et si certains reprochent à Fuzati sont flow qualifié parfois de " non flow ", c'est qu'ils n'ont rien compris. Fuzati est un personnage, et son flow colle exactement à son rap. Et quel débit ! Il n'y a qu'à écouter "Sous le Signe du V" ou "Perspectives" pour savoir à qui on a affaire. Impressionnant.
Les productions suivent le même tracé : si elles peuvent surprendre parfois par leur douceur (écoutez donc "Ne Plus y Croire" juste pour voir) ou au contraire leur brutalité ("Le Manège des Vanités" par exemple ou encore "Pas Stable"), elles entrent toujours dans une logique de rapport intime avec texte et flow. En bref, rien à redire de ce côté-là : que du bon. Un petit mot au passage sur les excellentes prestations de DJ Detect qui s'occupe des scratches : pas de surprise non plus de ce côté (ici il faudra écouter "Toute la Vérité" dont l'instrumental complet est remanié par Detect : simplement l'un des meilleurs morceaux de l'album). Sans oublier la seule participation extérieure de l'album, celle de Jean-Benoît Dunckel qui livre une production monstrueuse pour le morceau "Sous le Signe du V" que j'ai dû écouter une cinquantaine de fois et dont j'attends toujours de me lasser. J'espère que le message est passé : ce disque prend toute son ampleur quand on l'écoute attentivement, ce n'est pas de la musique de fond, loin de là. Il serait laborieux de rentrer dans des descriptions de morceaux en particulier, si quelques-uns sortent du lot, l'ensemble reste à un excellent niveau.
Quelques mots enfin sur les interludes qui retracent plusieurs conversations téléphoniques successives entre Fuzati et Anne Charlotte. Il serait dommage d'en dire plus sous peine de gâcher le plaisir mais si je peux me permettre, ces interludes sont un coup de maître : comment donner la définition exacte du looser en évitant les clichés ? Par cinq appels téléphoniques de trente secondes signés Fuzati, et l'on a tout résumé.
Ce disque sur tous ces points a réussi à créer un tout débordant d'originalité (au niveau des textes en particulier). Que "Vive la Vie" vous plaise ou non il ne vous laissera pas indifférent. Personnellement, je suis conquis et je ne saurais que trop vous conseiller son écoute. Et comme je n'ai aucun autre moyen de pression que cette chronique, j'en profite pour décerner les félicitations du jury à ce disque: 18/20, pas un point de moins.




Le Klub des loosers
LP / sorti en 2004

Chronique de Seing
note : 18/20

01. Premier contact
02. Le manège des vanités
03. Dead hip hop
04. Avec les larmes
05. Autour d'un café
06. Ne plus y croire
07. Toute la vérité
08. Poussière d'enfants
09. Le rendez-vous manqué
10. De l'amour à la haine
11. Sous le signe du V
12. Un peu seul
13. Baise les gens
14. Peut - être un verre ?
15. Pas stable
16. Depuis que j'étais enfant
17. Perspectives
18. Il faut qu'on parle

Du même artiste :
Baise les gens
La femme de fer
Radio Show vol. 1

Interviews :
Le Klub des Loosers (22/01/2005)

Reviews :
Le Klub des Loosers à St Martin d'Hères (38)


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Dimanche 23 Décembre 2012
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