L'ombre sur la mesure
>>> La Rumeur
         Le paysage du rap français et international a bien changé ces dernières années et ça, personne ne pourra me contredire. Sans parler de old ou de new school, on remarque un changement dans les mentalités : avant, tout le monde (ou presque) courait après une signature en major. Alors que de nos jours, il semblerait que ça soit plus à la mode de cracher dessus et de se complaire dans la merde, du moment qu'on a l'étiquette d'indé.
A croire qu'en fait non, les gens n'ont pas changé ni compris. On met de côté talents et artistes au profit d'idioties telles que "par qui je suis joué", "moins je vais mieux c'est" ou encore "je ne gagne rien sur l'album et c'est normal". Ces arguments semblent étayer le discours des néo-rappeurs en mal de reconnaissance.
Pourtant, une partie n'a pas eu les yeux bandés durant cette période : les majors. On peut remarquer que les plus grosses ventes de disques en rap sont l'effet des majors (Rohff, Booba...). Conclusion : on peut faire de la qualité même en major.
Un exemple à donner est bien celui de la Rumeur, signé chez E.M.I. à l'époque, qui ont signé un petit chef-d'oeuvre faisant suite à leur trilogie et une longue absence.
Pochette soignée et design impeccable nous plonge dans un autre temps, celui du vieux Paris qui hante l'album de "l'Entrée" à la "Sortie".
Lyrics sans concession mélangées à la véracité des productions de Kool M et Soul G font une alchimie sans égale. Abordant des thèmes divers et variés tels quela ségrégation raciale ("365 cicatrices"), le quotidien d'une ville dortoir ("Le silence de ma rue") ou encore les simples faits divers (dans un somptueux "Les petites annonces du carnage")
On se réjouira aussi des nombreuses punchlines qui agrémentent l'album, démontrant qu'on peut être contestataire et avoir du vocabulaire ("Je lirai leur testament en leur montrant les cadavres déchiquetés au rasoir, les réfractaires à mes rimes pourront aller se rasseoir ")
Durant l'écoute, on remarque cette réelle envie de se démarquer d'un autre rap français qu'ils laissent derrière eux ("J'injecte du sens là où ne trouve que du sample" ; "chez nous on capture vivant et on crève les balances où qu'elles soient : dans le pera ou dans les commissariats" extraits du "Prédateur isolé"), se complaisant ensemble, à l'image du seul featuring de l'album avec Special Homicide (Navea et Casey), Sheryo et le Téléphone Arabe sur "A les écouter tous".
Un jour, sur l'une des critiques de leur album, j'ai lu la phrase qui résume vraiment tout en une phrase : "L'album "L'ombre sur le mesure", c'est comme du bon vin : plus il vieillit, meilleur il est"
A écouter donc avec attention durant les longues nuits d'errances.




La Rumeur
LP / sorti en 2003

Chronique de Thulau
note : 19/20

01 - L'entrée
02 - Les coulisses de l'angoisse
03 - L'ombre sur la mesure
04 - Je connais tes cauchemars
05 - Le prédateur isolé
06 - Interlude n°1
07 - Le coffre fort ne suivra pasle corbillard
08 - Les petites annonces du carnage
09 - Premier matin de novembre
10 - Ecoute le sang parler
11 - 365 cicatrices
12 - Le cuir usé d'une valise
13 - Interlude n°2
14 - Moha
15 - A 20000 lieues de la mer
16 - Le silence de ma rue
17 - On frappera
18 - A les écouter tous
19 - La sortie

Du même artiste :
Regain de tension

Interviews :
LA RUMEUR (30/04/2005)

Reviews :
La Rumeur à Bourgoin Jallieu (38)

Podcasts :
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Retour vers les chroniques francophones
Dimanche 23 Décembre 2012
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