Le skeud commence par une intro de Toty et Professor K. C'est un dialogue de film, mais je ne sais pas lequel, et ensuite Toty scratch une petite phase de D'. Aucun des deux mc's ne rappent sur ce morceau.
On passe au choses sérieuses sur la track 2 : "Hostile". Ici K.stafior en featuring et Toty à la prod. Ce morceau traite de l'hostilité de la France d'en bas envers l'Etat, même si les lyrics sont un peu chauds a suivre ils sont d'une grande qualité ("Je, tu il. / Nous tous évoluons en milieu HOSTILE, / notre sécurité est sous la tutelle de la force répressive, / Nucléaire sont les têtes des ogives, / qui nous protègent d'un voisin d'humeur potentiellement agressive.") L'instru quant à elle est bien orchestrée même si les premières secondes sont un peu merdiques, (les violons en solo), dès que le beat arrive tout de suite ça change tout. Et la voix de D' durant le refrain est à elle seule un beat (humour).
Dans "Juvénicide" c'est Boss Raw qui accompagne les deux mc's. Encore une fois c'est une instru de grande qualité de Toty qui scratch durant le refrain la phase de Azé dans "11'30 contre les lois racistes". Le thème traité est ce que sont et ce que vont devenir les gamins (et non pas les jeunes) dans les cités. Les textes sont bourrés de métaphores à croire qu'ici ils ne rappent qu'à base de ca. A noter l'exercice de style du flow de Boss Raw qui s'énerve en crescendo pour finir par hurler dans le mic.
Alors le morceau suivant est une bombe du nom de "Masquarade", c'est une tuerie a écouter et réécouter. Aucun featuring, que du pur Kabal produit par Toty. Ca parle des apparences que l'on donne par l'extérieur, volontairement ou non, et de ce que les autres en pensent, bref ca traite en quelque sorte de la matérialité (c'est français ca comme mot ?). Les lyrics sont vraiment d'une magistralité monstrueuse (décidément moi francais parler bien), j'aime bien la petite phase de D', " Quand j'étais petit / dans ma téci / si je n'avais pas de nike aux pieds je souffrais des railleries / des autres gamins qui comme moi n'avaient rien compris. "
La track 5 est très courte et c'est une interlude donc pas de quoi s'attarder. "Méditation", oh que ce morceau porte bien son nom !!! La prod de Toty est très originale, le fond est " imitation ancien " et le beat est très électro. Ici il n'y a que des métaphores, les trois mc's (featuring Papa Ours) décrivent ce que l'on ressent quand on médite, et à la fin on s'y croit vraiment, si vous avez des problèmes de travail ou trop de stress accumulé dans votre vie cette chanson est un remède. (Humour) ((pitoyable)).
Sur une prod rapide et tribale de Toty, les deux mc's adopte un flow rapide sur "Apache". On parle encore des cités et du fait que celles-ci ne sont vraiment pas représentées du tout en politique. ("Alors comprend / que la folie me prend / quand Chalandron le reprend / plus tard au nom du président"). J'vous jure qu'avec le flow de D' ça le fait.
Pour la première fois sur l'album ce n'est pas Toty qui est à la prod mais un certain Marc " Fretless " Ducret. Franchement "L.U.I" n'est pas vraiment au niveau des autres chansons de l'album. Mais à la première écoute c'est quand même sympa et, quant à la partie instrumentale, elle n'est sympa vraiment QUE à la première écoute, car même si elle est de qualité elle est beaucoup trop longue. Les lyrics sont à double sens mais honnêtement j'ai pas tout saisi le " deuxième sens " je ne vois pas trop qui est ce qui symbolise le " mal ", c'est vraiment chaud à suivre (ou alors je suis doté d'un Q.I très inférieur a la moyenne, faut voir).
D' n'est pas présent sur ce morceau produit par Toty, uniquement Boss Raw et Djamal viennent poser. L'instru passe inaperçu mais ici ce n'est pas un défaut tant la qualité des lyrics est excellente. Le thème traité est encore une fois très rare dans le rap : la dégradation de l'environnement. Des flows posés et pas excités, avec une touche de poésie dans le titre : "Au bord du ruisseau". J'aime particulièrement la petite phrase choc de Boss Raw : " L'homme comprend mais n'apprend pas ", philosophique non ?
Attention, le morceau qui vient c'est de la bombe. Hasheem en featuring et Toty en compagnie de Professor K à la prod. L'instru de "Là-bas" est bonne mais tellement calme et sobre que l'on entend bien comme il faut les lyrics des mc's. Le thème traité est extrêmement rare et c'est un exercice de style unique. On parle de la convoitise qu'ont les " jeunes de la cité" envers les " jeunes paysans ". Et de la convoitise qu'ont les " jeunes paysans " envers les " jeunes de la cité". Les points de vue s'alternent au rythme des phases des rappeurs, tantôt un mc parle aux noms des paysans, et le mc qui le suivra parlera aux noms des " gens de la ville ". Le refrain reflète bien le message que veut faire passer la chanson " j'aimerais partir là-bas / je voudrais fuir tout ca / je vais m'en sortir / m'en sortir là bas. "
Ensuite vient un titre à l'américaine ("In my lifetime") pour un rap à l'américaine, en effet le featuring U.P.S the Protector est américain (du moins anglophone). Ce n'est pas vraiment un excellent morceau et de plus le refrain est carrément pourri, le thème c'est la mort. Pas de quoi le réécouter. Encore une interlude...
Ensuite vient le morceau le plus déjanté de l'album : "Fou à nier II" qui est le digne successeur de "Fou a nier". Toty à la prod. Les lyrics sont vraiment très durs a suivre !!! Mais les flows sont impressionnants et en fait les textes n'ont pas trop d'importance car les quelques rimes que l'on distingue sont plutôt marrantes. ("j'ai l'herpes, la peste, la malaria et le choléra, le cancer du bonheur, l'hépatite peu' ra").
"Le dormeur du val" est une chanson trop bien mais un défaut la ternit un peu, le fait que les rappeurs répètent leur phrases deux fois de suite et presque à chaque fois. Elle traite de la galère que l'ont vit quand on nait en cité, que l'ont est condamné dès qu'on est livré a soi-même. C'est exprimé avec beaucoup de dégoût ce qui nous fait vivre encore plus la chanson.
Dans la chanson suivante y a du monde !!! Une association de mc's qui devrait porter le nom de la chanson : "Le cercle des poètes engagés". En effet on retrouve sur ce morceau : Thief 3, Spike (du groupe Antagony), Boss Raw, Rockin'Squat, Kass (du groupe Antagony) et Doudou Masta. Un truc impressionnant c'est que le skeud est sorti en 1998 et que les lyrics sont vraiment d'actualité, car on parle de la guerre au proche orient. Le passage de Squat est un peu laborieux avec tout ces petits sons derrière lui, on pige vraiment rien, sinon j'adore le passage de Spike où il fait en parlant de la guerre et de Sadam : " Et notre président bien-aimé / qui lui envoyait / des lettre enflammées, / c'était du / je te tiens, tu me tiens, par le lance roquette ". D'ailleurs tous les rappeurs parlent ici essentiellement de la guerre. L'instru de Toty est bien, pas trop fat, plutôt " light ", pile ce qu'il faut pour une chanson " long format ".
"L'autre monde" avec la voix sublime de Melaaz au refrain !!! Vraiment trop beau le refrain et le couplet de cette dernière, de plus l'instru de Toty et Professor K est vraiment en parfaite harmonie avec les flows des mc's et la douceur de la voie de Melaaz.
Les deux dernières chansons ("Frontière" et "Il est temps") sont toutes deux chaudes à suivre, mais les prods et les rimes sont néanmoins bonnes, ce ne sont pas tellement les flows qui font ca mais d'une phrase à l'autre les métaphores sont quelquefois si nombreuses que c'est pas très compréhensible et si vous écoutez ce skeud en état " fatigué " alors là c'est impossible à comprendre, ces deux dernières chansons se doivent d'être écoutées avec toute l'attention qu'elles méritent.
Et le skeud se termine par une outro signée une fois de plus par Toty avec des scratches vraiment bons.
En définitive cet album est unique, on y traite des thèmes que dans nul autre album on retrouve. Les flows des deux mc's sont imprévisibles et collent la plus part du temps bien à l'instru. Toty a vraiment assuré niveau prod, car elles regorgent toutes de beaucoup d'originalité sans tomber dans l'électro. C'est sans aucun doute un des meilleur skeuds que le rap francais n'ai jamais eu.