Après avoir chanté "Classez-moi dans la varièt'" lors de sa première consultation, Doc Gynéco revient ici avec un second album (je considère "Liaisons Dangereuses" comme un projet résolument Hip Hop plus qu'un véritable album) beaucoup plus acoustique, beaucoup plus mélodique. On est bien loin du rap français comme certains esprits réducteurs le conçoivent, alors pourquoi chroniquer ce skeud vous demandez-vous peut-être ? D'une part parce que j'ai découvert le Hip Hop avec son premier album, et puis parce que c'est un artiste que je respecte. Voilà c'est dit, ceux qui veulent peuvent jacter à présent !
Certes on peut lui reprocher une image trop médiatique, trop commerciale, mais après tout on est là pour parler musique, non ? Et le Doc définit très bien la sienne, "écoute ma pop, sur du hip hop."
D'ailleurs d'un point de vue musical, cet album n'a plus grand chose à voir avec le rap, exceptés peut être les titres "Caramel", "Quality Street" qui sentent la West Coast et "Cousins" en featuring avec RZA (membre du Wu Tang) qui est sûrement le titre le plus rap de l'album. Pour les autres titres il s'est entouré de musiciens anglais ayant travaillé avec Police ou Simply Red, rien à voir avec le monde du rap. Le premier titre a été enregistré avec Laurent Voulzy et on retrouve une structure de chanson axée autour d'un refrain, généralisée dans tout l'album. Ces notes de guitare sèche, de piano et de batterie, donne une toute autre dimension à ses lyrics. Quality Street comporte également sa touche roots avec "Thief a man, Mr Babylone" en duo avec Gregory Isaac. Mais ce qui étonne le plus c'est que malgré toute cette diversité dans les sons, l'album suit une sorte de fil conducteur qui ne choque et ne déçoit jamais. Bref Bruno s'est fait plaisir en surprenant ses auditeurs et tant mieux car cela rend l'écoute très agréable et très relaxante.
Du côté des lyrics, on est loin des délires sexuels, même si le thème récurrent reste les femmes. Mais ici on parle d'amour à l'exception peut-être de "Secrets Sucrés", chanson coquine sans être paillarde, en résumé "pas de shit, pas d'alcool, que de la jouissance." Mais détrompez-vous, rien à voir avec la varièt' niaise dont nous inonde les radios, le Doc est un poète et il joue avec les mots. Et il est force de remarquer que la poésie de ces textes s'accordent parfaitement avec son flow qu'il a encore ralenti, on atteint ici une beauté jamais encore égalée dans le rap français. Mais le Doc parle également de lui, et le titre "J'sais pas remplir ma feuille d'impôts" est très intimiste, "Si les impôts font mon malheur, comment veux-tu que le fric, la tune fassent mon bonheur ?". On a également le droit à un titre très triste avec Chiara Mastroianni (fille de Marcelo et Catherine Deneuve), encore une invité bien loin du Hip Hop !
En résumé un album qui évolue parfaitement entre la chanson française et le rap, qui s'écoute sans se lasser. On est bien loin du parcours de ses ex-compères du ministère A.M.E.R, Passi et Stomy Bugsy.