Les poésies du chaos
>>> MYSA
         J’avoue, Mysa je ne connaissais que très peu. Les infos du premier album sont des échos. Perso je n’ai eu connaissance de ce rappeur qu’a la sortie des « Poésies du Chaos » au mois de Mai. Un peu réticent car très peu curieux, j’ai écouté quand même car en survolant, les beats m’avaient parlé, et l’écriture semblait plus que bonne. Et quelle surprise ! Promis maintenant je serais un peu plus curieux quand j’aurais un nouveau skeud entre les mains.
Sans faire de comparaison, Mysa me rappelle un peu Médine. Dans le sens ou il n’y a pas de mytho, et une lucidité quand on parle de quartiers. Et puis il y a cet attachement à la religion, aux valeurs, avec une pudeur propre à peu de rappeurs. On en parle mais on en fait pas un fond de commerce, la foi c’est une sphère privée, la discrétion est de mise, en faire des tonnes ne veut rien dire, et moi j’aime bien !
Donc c’est parti pour 17 titres. La rue prend une place prépondérante, et tout ce qui va avec la rue. C’est à dire la stigmatisation des fils d'immigrés, les préjugés, la violence, physique, morale et sociale, mais aussi les bons cotés, les valeurs, les diverses cultures qui sont implantées, et une volonté de démontrer que l’on est pas qu’un analphabète assoiffé de violence quand on grandi dans un quartier populaire.
Pour les productions on retrouve souvent Al’Tarba, mais aussi Waam, Doubl2-T ou bien Fano pour le morceaux qui lance l’album (80-07). Petite rétrospective depuis sa naissance. Et le résumé est bien foutu, quelques bonnes phases (« Mitterrand est malade, Balladur sort son cabot/ Nicolas Sarkozy, un grand bonhomme, sur l’escabeau »). Le disque passe tout seul, quelques morceaux accrochent moins souvent du à une instru assez lassante, prenant trop de place par rapport aux paroles. Mais ça serait titiller car la profondeur de cet album demeure très bonne. On sent un mec qui parle de ce qui connaît, et ne cherche pas à en rajouter. Le flow est bon, un mélange d’ancien et de nouveau style. Cet album me rappelle la bonne période des sorties qu’on attendait, les premiers disques des « stars » (devenues fade pour beaucoup) d’aujourd’hui. Oui, je pense que j’aurais plaisir à écouter « Les Poésies du Chaos » dans quelques années, au même titre qu’un « Quelques gouttes suffisent » ou bien « Opéra puccino ». C’est le genre d’album qui me rappelle le rap mes 14-15 ans, qui me marque bien plus que le rap qu’on nous sert à l’heure actuelle. Bref, du fond avant la forme, sans que cette dernière ne soit négligée, loin de là.
Le seul bémol, c’est peut être que cet album serait « trop » homogène. Ceux qui ne sont pas super fans d’un rap classique, risquent de le trouver répétitif, tournant en rond. Peu de morceaux relance une ambiance que l’on peut trouver un peu lente. Mais moi j’aime, les beat lourds et lent (« Bagnards & Goeliers », « boulevard des rêves brisé remix »).

Les quelques morceaux qui arriveraient à convaincre une oreille décrochant l’attention sont « Ou je vis »(Enooorme, Demi-Portion est trop fort !), « Je rappe » (Bête d’instru, bête de flow, très prenant !) et sans conteste le morceau de fin (« En attendant »), qui assure un atterrissage en douceur. Mais surtout, « Hymne à la rue ». Enfin ! Enfin un morceau qui parle vraiment de la rue, il y en a eu avant lui, mais ils sont trop rare pour que je ne parle pas de ce morceau. Toutes les vérités de la rue sont mis à plat, sans morale, juste un simple constat plein d’objectivité. Des phases telles que « Lèves ta main si la rue c’est pas ta daronne, et moi aussi j’ai grandi sur le macadam, c’est la catastrophe … » ou bien «les vrais reconnaissent les vrais, les faux ne voient jamais leur défaut/Les grands ne construisent pas leurs vies sur grand écran», mettent au clair tout ceux qui essaient de glorifier la rue avec ses mauvais cotés. Mais il n’oublie pas de citer ceux qui fantasment sur la vie de quartier, et cite logiquement les violences policières qui vont malheureusement de paire.

Pour résumé, Mysa confirme les promesses de son premier album. C’est définitivement un MC talentueux, cultivé, et qui sait de quoi il parle. Ca fait plaisir de voir qu’il reste encore ce genre de rappeur loin du bling bling ou avec un « accent de racaille pour faire flipper les rataï ». A suivre, car l’avenir s’écrira avec lui. De plus il y a la street tape « Instant Classic » avec l’album, deux cd pour le prix d’un, n’hésitez pas !




MYSA
LP / Sorti en 2007

Chronique de Taiji
note : 16.5/20

1-Intro
2-80-07
3-Jusqu'à la prochaine tempête
4-Hymne à la rue
5-Bicophobe
6-Le cercle
7-En renaissance
8-Bagnard & Geôliers
9-La vie est trop…
10-Ou je vis (feat Demi-Portion)
11-Les maux d’une pénitence
12-Je rappe
13-J’m’excuse
14-Boulevard des rêves brisés (remix)
15-La rupture
16-Enmzi part 2 (feat Krimo)
17-En attendant…

Du même artiste :
Enfermé dehors, jamais libre

Podcasts :
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Dimanche 23 Décembre 2012
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