Rohff est, avec Intouchables (et depuis le départ de Kery James) un de seuls artistes de la Mafia K'1 Fry à qui je porte une certaine considération. Son flow rageur m'a toujours plu, et rien ne me fera oublier son freestyle sur "Cut Killer Show 2" "Massacre à la tronçonneuse", qui nous montrait un artiste hardcore doté d'une voix grasse et ayant un certain sens de la musique... Bref, Rohff est, comme il le dit lui-même, un Bonhomme fort talentueux. C'est d'ailleurs parce que je me basais là-dessus que j'ai été plutôt déçu par son second album, "La Vie avant la Mort"...
Pourtant, accoustiquement, cet LP se révèle de qualité: les instrus sont en règle générale très bons et bourrés de bonnes mélodies, peut-être même trop, d'ailleurs, car cela nous éloigne du rappeur hardcore qui posait sur des prod's plus dures. Certains titres jouissent de musiques réellement excellentes, et mis à part peut-être les morceaux "SSEM" et "Le Bitume Chante" (et encore, en étant difficile), le tout passe à merveille à l'oreille, tout à l'honneur des différents producteurs du skeud tels que Sully B.Wax, Kore & Skalp, Doltz & Reego ou encore Pone... Un effectif de producteurs donc assez conséquent qui apporte une bonne diversité musicale ou tout. Le revers de la médaille est que l'identité accoustique globale en est quand à elle althérée et ne tient pratiquement plus qu'à la voix unique de Rohff.
Après une intro accablante de manque d'originalité, le premier titre "R.O.H.F.F." démarre, et avec lui, une accroche qui ne faibliera que rarement tout au long des 76 minutes du skeu-di. L'instru, signé par l'émérité Sully B.Wax sonne très américain. Quand à Rohff, mis à part son flow légendaire, il ne fourni pas grand-chose pour se gratifier, avec un égotrip trop poussé, beaucoup trop sûr de lui, sans compter que ses rimes ne sont pas forcément les mieux choisies... Mis à part quelques passages marrants, on ne peut pas dire que le morceau brille par ses innovations. Et c'est même le gros défaut de tout l'album. Musicalement, pratiquement rien à redire, Rohff sait rapper sans problèmes, mais au niveau des paroles, ça pêche parfois un peu, surtout lors de titres comme "Qui est l'exemple?" (toutefois encore exceptionnel sur le plan de l'écoute, il est magnifique) ou "Jeu 2 la Mort". D'autant plus qu'on constate une baisse de cette agressivité qui avait tant séduit le public à ses débuts... C'est vraiment dommage, surtout au vu de ses qualités de flow.
Il reste heureusement de très bons titres sous tous les aspects, comme "TDSI", original de bout en bout, au Rohff se compare à une voiture de Sport, "V", un des titres le plus brut du LP ou encore le génial "Darwah" qui clôture l'album très violemment (j'ai d'ailleurs été vexé lors du refrain ou le 76 n'a pas été cité... C'est mon code postal natal, putain! ;).
Si l'on passe sur certains lyrics sans intérêt et que l'on se concentre uniquement sur la qualité d'écoute, on ne peut pas ne pas citer les perles que sont "Miroir, Miroir", avec une prod particulièrement chaleureuse, "Qui est l'exemple?" qui est tout simplement un bonheur à entendre, "Parfois... Des Fois..." emprunt d'une agréable mélancolie, "V", très hardcore dans la conception, "5.9.1", qui puise toute sa force dans son calme et enfin "Darwah", titre particulièrement long composé de toutes une ribambelle de samples divers, et se terminant en apothéose sur du heavy metal à la System Of A down... original et très bon!
Mais finalement, même si ces titres osçillent entre le bon et le très bon, on ne peut pas vraiment dire que c'était ce qu'on attendait; dans la globalité, on voit un Rohff assagit et moins hardcore, contrairement à ce que lui-même proclame durant ses égotrips. Donc, c'était pas voulu...
Le titre le plus paisible est "le même quartier" ou, plutôt que de rapper, Rohff parle sur un beat des plus paisibles. Agréable, mais sans plus. Le morceau "Le Bitume Chante", quand à lui, regroupe la totalité de la Mafia K'1 Fry et Tiwony. Le morceau n'est pas aussi désastreux que ce à quoi je m'attendais au vu de mon cruel manque d'intérêt pour le Crew, mais est encore loin d'être transcendant, tout au long de ses 6 minutes et demie...
Quand à la piste cachée "La Légende du Petit Dragon", elle est assez pitoyable: Rohff prend un accent japonais caricatural pour une sorte d'égotrip mal géré en narrant les aventures d'un jeune Samouraï sensé être son alter-égo... S'il y a une subtilité dans ce morceau, excusez-moi, mais je ne l'ai pas saisie...
Pour conclure, "La Vie avant la Mort" est un LP honnête dans l'ensemble, vacillant entre le bon et l'exceptionnel au niveau accoustique, mais manquant cruellement de créativité au niveau des lyrics et beaucoup moins hardcore que ce à quoi on s'attendait. Très facile d'écoute, il reste correct, mais on s'attendait tout de même à mieux... c'est pas le Rohff que j'attendais.